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Tingitingi : Agir pour un Autre Tourisme
2 janvier 2014

Voeux 2014 - Le Père Noël s'met à l'arabe...

Mon délire annuel ne fera pas dans la dentelle (ça rime, c’est top mais c'est un peu con). Je vous préviens tout de suite : il est encore plus soûlant que les précédents.

Pour vous en faciliter la lecture et m’éviter de me faire des ennemis par ces temps de crise, je vous propose cette grille de lecture :

  1. Si les mots du type merde, chier, con, religion, sexe, cul, nénés, cunnilingus, révolution, bifle, décroissance, vous incommodent, je vous suggère d’aller à la balise intitulée « Balise – Prudes n’aimant pas la vulgarité, ni les prises de tête »

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  2. Si les mots du type merde, chier, con, religion, sexe, cul, nénés, bifle, cunnilingus, révolution, décroissance, musulman, arabe, noir, vous font souffrir, je vous suggère d’aller directement à la balise intitulée « Balise – Prudes n’aimant rien, même pas les arabes et les noirs », vers la dernière ligne du message, on y ajoutant « Bonne année ! » de ma part (et je tairai mes origines)
  3. Si vous n’avez rien contre un peu de vulgarité constructive (ne m’en demandez pas la définition) mais n’aimez pas vous prendre la tête,  je vous suggère de vous arrêter à la balise « Balise – Les prises de tête, on n’en veut pas » et de reprendre votre lecture à « Balise – Prudes n’aimant pas la vulgarité, ni les prises de tête »
  4. Enfin, si vous êtes vraiment dingues, vous ne reculez devant rien et que vous n’avez rien d’autre à foutre, allez-y… lisez tout (et ne me parlez pas de mes fautes d’orthographe car je n’ai pas tout lu, MOI !).

 

Le bal des vœux s’est ouvert quelques heures avant l’heure fatidique. J’ai coupé mon téléphone et attendu la fin des hostilités. Le silence aidant, j’ai revu le film de l’année en super accéléré. Deux minutes m’ont suffi pour tirer deux conclusions :

  1. la première est quantitative. En se basant sur les tables de mortalité de l’INSEE, j’ai déjà cramé 56% de mon espérance de vie… à m’agiter (d’où ma fatigue). Le constat est encore plus alarmant quand je contemple ma bedaine (car ma bedaine, on ne la regarde pas. On la contemple, de préférence de profil) et quand je tiens compte de ma propension à bouger mon cul.
  2. La seconde est plutôt qualitative. Je suis un gros con.  Cette année, je me suis fait balader comme un bleu. Je préfère positiver en me disant que mon cas n’est pas complètement plié… puisque je suis encore capable de faire confiance à des gens qui ne le méritent pas, des gens tellement bien cernés par Desproges quand il disait « Il se dessine de façon tangible, dans votre génération qui monte, mon camarade, une espèce d’ambition glacée d’arriver par le fric et un mépris cynique de tous les idéaux assez peu compatible avec l’idée qu’on se fait de la jeunesse éternelle génératrice de fougues irréfléchies et de colères gratuites». Les p’tits requins se reconnaitront.

Au fil de l’année,  d’autres p’tites choses ont heureusement égaillé ce parcours chahuté. Je vous les livre en vrac :

  • Le cancer de Michael Douglas ne serait pas lié à la pratique du cunnilingus. Ouf, j’ai eu chaud…
  • L'avocat kényan D. Indidis a décidé de trainer l'Italie, Israël, mais aussi Ponce Pilate et l'empereur Tibère devant la Cour pénale internationale de La Haye pour le procès inique de Jésus, et bien évidemment sa crucifixion illégale. Que les méchants passent à la caisse…
  • La liste de ceux et celles qui posent nus pour faire parler d'une cause quelconque ne cesse de s’allonger : étudiantes anglaises d'un club d'aviron visant à sensibiliser à la recherche contre le cancer, leurs camarades rameurs cherchant à sensibiliser à l'homophobie et au harcèlement, Gillian Anderson, parée d'une murène (et c'est tout), pour lutter contre le chalutage profond, Les Femen s'accroupissant en public et urinant sur la photo du président ukrainien. N’y aurait-il plus d’autres moyens de sensibilisation que de montrer son cul, ses nénés  et ses fesses pommelées (potelées, ou flasques… au choix) ? Adepte de la contre-tendance, l’équipe Tingitingi / Oxala House / Dar Gaïa projette de sortir son calendrier « voile intégral » en 2018 (le temps de coudre tout ça)
  • Nelson Mandela est mort après avoir balayé les élucubrations de notre chère Margaret Thatcher (un des plus farouches opposants aux sanctions contre le régime de l'apartheid) qui désignait l’ANC comme  «une organisation terroriste type» et disait à qui voulait l’entendre «quiconque croit qu'elle va gouverner l'Afrique du Sud est dérangé». Nos politiques n’ont jamais été des visionnaires. Ceci dit, il a fallu attendre 2008 pour que l'ancien président sud-africain et son parti soient retirés de la liste noire américaine du terrorisme. Mandela s’est quand même démerdé pour laisser partir Mme Thatcher en premier.
  • Avec toutes les métadonnées (information sous-jacente à nos communications du genre qui nous appelons, à quelle fréquence, où, pendant combien de temps…) qu’on accumule sur nous et à notre insu (sinon ce n’est pas marrant), changer de trajet tous les jours pourrait être perçu comme un comportement suspect et déclencher une attaque de drone (Grégoire Chamayou et son livre « Théorie du drone » ). Moi, je ne bouge plus. Mais je reste connecté car les non-connectés sont aussi suspects aux yeux de l’autorité (et rebelote « attaque de drone »).
  • La moitié des femmes (anglaises interrogées dans le cadre de l’enquête nationale sur la sexualité des Anglais (Natsal-3) et dont les résultats ont été dévoilés en novembre 2013) pensent que sexe et sentiments ne sont pas forcément liés, quand 44 % d’entre elles se disent stimulées par la pornographie (chiffres inimaginables, il y a quelques années). Vous allez me prendre pour un dingue, mais je ne rate jamais une enquête sur la sexualité. Ma femme dirait que je suis (juste) un théoricien du sexe… Dans le sexe, je vois la société.
  • Une appli iPhone "observer la loi" vous permet de dénoncer les méchants qui vous entourent (fumeurs dans un lieu non autorisé, automobilistes adeptes du parking sauvage, nuisances sonores de voisins, et bien sûr le voile intégral), de les géolocaliser, et de partager tout ça avec vos contacts facebook et abonnés Twitter. Si vous le faites, ne m’incluez pas…
  • Nabila est une bimbo pragmatique. Elle a déposé sa sortie devenue culte "non mais allô quoi" à l'INPI, faisant d'elle une marque à part entière. C’est elle qui disait, lucide sur son succès «Mon visage, tout est naturel, merci papa merci maman! Quant à ma poitrine, c'est un petit cadeau, à l'âge de 18 ans. » ou encore « je suis spontanée, j’ai vingt ans, je le dis… J’ai le cerveau relié à la bouche »… On vit dans un monde merveilleux.
  • « Google a pour règle d’aller jusqu’au bord de ce qui pourrait vous donner la chair de poule et de ne pas aller plus loin. Je dirais qu’implanter des choses dans votre cerveau franchit cette ligne rouge. Du moins pour l’instant, jusqu’à ce que la technologie s’améliore. » : C’est ce que dit Eric Schmidt, président du conseil d’administration et ancien PDG de Google. Me voilà rassuré. Ce qui arrête Google, à ce stade, n’est pas l’éthique, mais juste la fiabilité technique. E. Schmidt récidive dans le Wall Street Journal : « Une idée serait que de plus en plus de recherches soient effectuées en votre nom, sans que vous ayez à les taper. Je pense véritablement que la plupart des gens ne souhaitent pas que Google réponde à leurs questions. Ils veulent que Google leur dise quelle est la prochaine action qu’ils devraient faire. » et parlant du futur « C’est un futur où vous n’oubliez rien. Dans ce futur nouveau, vous n’êtes jamais perdu. Nous connaîtrons votre position au mètre près et bientôt au centimètre près. Vous n’êtes jamais seul, vous ne vous ennuyez jamais, les idées ne viennent jamais à vous manquer. ». Je vais commencer par fermer mon compte Google+.
  • De nouvelles pratiques sexuelles continuent à voir le jour : La bifle, « Contraction des mots “ bite ” et “ gifle ”, ce terme poétique et fleuri désigne une pratique qui consiste à gifler son (ou sa) partenaire avec sa bite, ou du moins à imprimer un mouvement de tamponnage sur la joue avec le gland. » - Source : Dictionnaire « Sexe Libris » - Ed. Don quichotte, 2012) et a même son site internet la-biffle.com (car le ridicule ne tue jamais). Pour ne pas mourir idiots et ne pas être pris au dépourvu, sachez que selon un sondage récent d’Ifop, 36% des jeunes de 15-24 ans auraient déjà pratiqué la bifle. J’ai du mal à savoir quelles conclusions en tirer…
  • L’exhumation du rapport sur l’intégration a fait couler beaucoup d’encre et a suscité de vives réactions. Il faut dire qu’il a été pondu par « des gens qui croient encore à Pierre Bourdieu et qui ne commenceraient pas leur journée subventionnée sans Libé » (dixit Le Point). D’ailleurs, je vous conseille vivement d’éviter Libé et de lire Le Point (journal

    KhaledAlSaai12

    connu pour son objectivité et son impartialité, surtout quand il s’agit des minorités basanées et/ou négroïdes) qui ne voit dans ce rapport qu’une énumération de bêtises et une tentative de nier ce qu'est la France. Mais que dit ce putain de rapport ? Le rapport insiste sur la nécessité de (oh sacrilège) «reconnaître toutes les migrations comme constitutives de la nation». Pire, il considère qu’un travail «de (re)mise à plat de l’histoire de la France est nécessaire» et suggère d’inscrire dans les programmes scolaires «l’histoire des mouvements de population».  Dit de façon plus terre à terre, il voudrait que notre marmaille apprenne (au risque de les traumatiser, de les culpabiliser dès leur jeune âge) plus de choses sur l’esclavage et la traite négrière, les colonisations et décolonisations, les immigrations, les réfugiés, les migrations liées aux «printemps arabes» et celles des Roms. Le rapport ne s’arrête pas là dans l’ignominie : il encourage l’introduction de l’enseignement de nouvelles langues parlées en France (il s’agit bien évidemment de l’arabe, mais aussi des langues qui ne sont parlées que par des noirs dont on s’en fout royalement) à l’école. Ils sont dingues ses gauchistes subventionnés… Imaginez ! Même le Père Noël va devoir se mettre à l’arabe ! Malgré tout ce bordel, je reste optimiste. Et Copé Suite à ce rapport, j’ai tenté de trouver un professeur d’arabe pour mes filles. Et je peux vous dire qu’il n’y en avait pas l’ombre d’un seul à 100 km à la ronde. La France peut donc dormir tranquille.

Trêve de plaisanterie. Tous ces arabes et ces noirs nous font grave chier. On a juste un peu de mal à le dire tout en restant politiquement corrects mais les temps changent… « Les racistes sont des gens qui se trompent de colère », disait avec mansuétude le président Senghor.

Putain que le temps passe vite. Nous revoilà à la veille d’une nouvelle année...

« Les nouveaux cons tuent la dinde. Les nouvelles dindes se zibelinent. Les nouveaux pauvres ont faim. Les charitables épisodiques, entre deux bâfrées de confit d’oie, vont pouvoir épancher leurs élans diabétiques. Le plus célèbre des employés de Paul Lederman ouvre les « restaurants du coeur ». Des tripiers doux, des épiciers émus, de tendres charcutiers, le cœur bouffi de charité chrétienne et la goutte hyperglycémique au ras des yeux rouges, montrent leur bonté à tous les passants sur les trois chaînes. », disait Desproges… J’espère que vous n’avez pas tué de dindes.

Une nouvelle année. Un nouveau saut dans le vide.

Je n’ai rien trouvé de mieux pour vous le faire gober, ce saut, que ces quelques articles (satiriques, dois-je le préciser) dénichés sur www.lenavet.ca, un journal qui se définit comme un navet à l’image du monde médiatique qu’il parodie.

  1. Le premier des articles du navet, intitulé « Une famille plie aux demandes des enfants et reporte l’atteinte du déficit zéro à 2054 » résume à lui seul les excès consuméristes qui nous consument. Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels n'est ni fortuite ni involontaire. Mais n’y voyez surtout pas le moindre processus d’identification de ma part, car la dernière fois que j’ai fait un cadeau à mes enfants remonte à leur naissance avec l’achat des timbres fiscaux nécessaires à l’établissement de leurs passeports. Un cadeau on ne peut plus engagé car participant directement au renflouement des caisses d’un Etat qui en a grand besoin. Quant à moi, mes délires consuméristes ont été étouffés dans l’œuf avec l’achat de mon dernier caleçon, et ce dès la fin des années 80.
    « Une famille québécoise de quatre personnes vivant au-dessus de ses moyens depuis dix ans a convoqué les journalistes ce matin pour confirmer qu’elle cédait à la pression du syndicat des enfants et reportait l’atteinte du déficit zéro à 2054.
    ‘‘L’administration familiale précédente a causé un déficit inattendu qu’il est impossible de résorber sans mettre en péril la croissance des enfants’’, pouvait-on lire dans le communiqué envoyé ce matin aux proches et amis de la famille.
    ‘’Après mûre réflexion et plusieurs rondes de négociations, nous en sommes venus à la conclusion que la faible hausse du salaire de notre ménage ne justifiait pas de sabrer dans les cadeaux et les voyages en Floride’’, a indiqué un porte-parole de la famille.
    Celle-ci a néanmoins pris des mesures exceptionnelles pour atteindre ses objectifs de stabilisation des dépenses : ‘’acheter une seule nouvelle console de jeu vidéo par année, repousser les investissements d’infrastructure dans le béton de notre piscine creusée et adhérer au programme de fidélité de notre épicerie.’’ »
  2. Le second, intitulé « Changements climatiques: les pays réunis à Varsovie acceptent de ne pas détruire la vie sur Terre d’ici 2015 » rend compte à merveille de l’hypocrisie du monde quand il s’agit de s’attaquer aux défis écologiques. Seules des claques monumentales à répétition sauraient nous sortir de notre torpeur et arriver à bout de ce climato-scepticisme stérile. Comparativement, l’ouragan Sandy et le cyclone Haiyan avec ses quelques dix mille morts apparaitront comme de p’tites mises en bouche… En attendant, le coût des catastrophes naturelles pour les assureurs grimpe à vue d’œil. A ce rythme, nos négationnistes du climat crieront au complot maçonnique…                                      « Réunis à Varsovie pour discuter de la lutte aux changements climatiques, les 190 pays les plus populeux du monde ont réussi à s’entendre de peine et de misère hier en s’engageant formellement à ne pas détruire toute forme de vie sur Terre d’ici 2015, un consensus qualifié de «grande avancée» par les experts.
    "Après avoir pesé le pour et le contre pendant de longues journées, nous avons conclu qu’il était préférable, pour le moment, de ne pas annihiler tous les organismes vivants de la planète en faisant chauffer l’atmosphère jusqu’au point d’ébullition’’, a expliqué un négociateur.
    Les gains enregistrés dans cet accord sont considérables, selon plusieurs écologistes. Le texte final prévoit notamment qu’il sera «interdit d’anéantir tous les écosystèmes de la lithosphère dans les 24 prochains mois» et que «toute tentative d’effacer 3 milliards d’années d’évolution biologique en brûlant des fossiles de dinosaures liquéfiés» sera sévèrement réprimandée.
    […] Malgré cette grande victoire, tout n’est pas rose: selon plusieurs sources, les représentants du Canada ont milité en coulisses pour que l’humanité se réserve le droit de s’autodétruire d’ici les deux prochaines années tout en exterminant l’entièreté des organismes pluricellulaires de la surface terrestre. «La protection de la vie sur Terre est une lubie de gauchistes qui est néfaste pour l’économie», aurait-on affirmé du côté canadien.
    Au moment de mettre en ligne, tous les parlements des pays du G20 refusaient de ratifier l’accord. »
  3. Le troisième,  « Absorbé par l’écran de son iPhone, il marche sans interruption de Montréal à Chibougamau », n’est qu’une tentative désespérée de nous sensibiliser à l’état d’abrutissement profond qui nous guette.  Bien qu’encore relativement rudimentaire, la technologie est en train de façonner nos vie, de s’approprier nos sens et de bouffer les derniers neurones qui nous restent… Après l’obsolescence programmée, nous voilà en train de basculer dans la dégénérescence programmée…
    « Un Montréalais parti acheter du lait au dépanneur a marché sans s’arrêter pendant 17 jours jusqu’à atteindre la petite municipalité de Chibougamau, au nord du 49e parallèle, parce qu’il était trop absorbé par l’écran de son iPhone, a appris Le Navet.
    Ce qui ne devait être qu’une commission de cinq minutes s’est transformée en épopée digne du coureur des bois le plus courageux quand l’homme a sorti son cellulaire pour consulter son fil Twitter, selon différentes sources.
    Sans jamais relever les yeux de son écran, l’homme a dépassé le dépanneur, a traversé quatre intersections et s’est engagé sur l’accotement de la 117 Nord. Toujours obnubilé par son appareil mobile, il a emprunté le pont de la Rivières-des-Prairies au moment où il rafraichissait Facebook.’’ Le plus incroyable, c’est qu’il ne s’est même pas arrêté pour dormir ou manger’’, a relaté un témoin. ‘’Il continuait à marcher en reloadant ses applications de médias encore et encore, comme un robot.’’
    La tête toujours plongée dans son téléphone intelligent, l’individu a poursuivi sa marche jusqu’à Val-d’Or sans jamais remarquer que des voitures filaient à 100 kilomètres/heures à ses côtés. Empruntant ensuite la route 113 tandis qu’il regardait une image comique publiée sur TwitPic, l’homme a continué sa marche jusqu’à la rue principale de Chibougamau, où il a enfin levé les yeux de son appareil.
    Au moment de mettre en ligne, l’homme se rendait compte qu’il avait oublié d’acheter du lait. »
  4. Enfin, un dernier article (est-il vraiment fictif ?) relatant la vente, par un opérateur télécom, des renseignements personnels de ses clients sur Kijiji. Un petit clin d’œil à l’ensemble de ce système de surveillance, de contrôle et de marchandisation qui se déploie autour de nous et de nos données privées. Ce qui faisait le beurre des films de science-fiction des années 70-80 est devenu notre lot quotidien. Des modèles sont conçus et, à partir de ces modèles, on identifie les individus au comportement suspect. En juin dernier, on a appris que l’opérateur téléphonique américain Verizon collectait des métadonnées téléphoniques. Grâce à Edward Snowden (Chapeau bas à l’artiste de mettre ainsi sa vie en jeu pour que ces informations soient connues de tous) on sait que la NSA interceptait et stockait des métadonnées de millions de téléphones portables dans le monde entier. Et pour que vous dormiez tranquilles, l’article 13 du projet de loi militaire, voté récemment, élargit considérablement pour l’Etat français la possibilité de collecter (et bien évidemment exploiter) nos métadonnées téléphoniques. Parano comme je suis, je ne vais plus pisser sans avoir vérifié que la géolocalisation de mon smartphone est bien désactivée. On ne saura jamais combien de temps je suis capable de rester sur mon trône…
    « Précisant qu’il s’agissait de «la suite logique» dans la marchandisation de la vie privée de ses clients, Bell a annoncé ce matin que l’ensemble des renseignements personnels et des habitudes de consommation de ses abonnés sera vendu au plus offrant par le biais du site de petites annonces Kijiji.
    Les données seront regroupées et vendues par thématique, comme «Clients ayant regardé Occupation Double mercredi dernier», «Visite de sites érotiques par ménage dans la région de Laval» ou encore «Nombre d’appels entre le téléphone d’un homme marié et celui d’une concubine par heure et par fréquence», a expliqué un porte-parole.
     «N’importe quelle entreprise responsable a le devoir moral de faire du bel argent en vendant les données les plus intimes de ceux qui lui ont fait confiance, a-t-il dit. Leur mise aux enchères sur Kijiji sera une façon simple et respectueuse d’engranger des millions tout en perpétuant l’excellente réputation sociale de notre marque.»
    Le prix des données variera selon leur intérêt et leur degré d’intimité. Par exemple, les historiques de navigation internet seront offerts à 100$ pour le lot de 10 000 clients, tandis que les enregistrements audio des conversations téléphoniques tourneront autour de 3,99$ la minute. «Plus c’est privé, plus ça vaut cher», s’est réjouie l’entreprise.
    Au moment de mettre en ligne, Bell répondait aux critiques de la Commissaire à la vie privée en annonçant qu’elle brouillerait numériquement une lettre du code postal de chaque client dont les informations auront été vendues. «Ça démontre notre bonne foi», a assuré le porte-parole »

Nous dire que cette invasion massive de notre sphère privée contribuerait à notre sécurité, c’est nous prendre pour des « mongoloïdes, grabataires du cortex ».
En 1975, le sénateur Frank Church parlait déjà de la NSA en ces termes : "Je sais qu'il y a là tout ce qu'il faut pour faire de l'Amérique une tyrannie accomplie, et nous devons veiller à ce que cette agence et toutes les agences qui disposent de cette technologie opèrent dans le cadre de la loi, et sous une supervision appropriée, de sorte que nous ne sombrions jamais dans ces ténèbres. Ce sont des ténèbres d'où l'on ne revient pas." Au risque de me contredire, voilà enfin un politique visionnaire.

 

Balise – Les prises de tête, on n’en veut pas

La période des fêtes est la période de mystification par excellence. On peut tout faire gober à quelqu’un quand ça tête est dans le foie gras et ses pieds noyés dans un marécage de cadeaux inutiles. C’est pourtant cette même période qui me semble la plus propice pour démanteler un certain nombre de contrevérités. C’est sûrement parce que tout le monde se fiche de la vérité quand le père Noël est dans les parages, qu’on s’apprête à déballer son cadeau de Noël pour découvrir sont 18ème pyjama à motifs enfantins.

Englués dans les résidus de votre festin du réveillon, je doute que quiconque parmi vous ait eu le courage de me lire jusqu’ici. Je me lâche donc… au risque de heurter les sensibilités des uns et les convictions des autres.

J’en ai marre qu’on me trimbale (intellectuellement parlant)…

J’en ai marre qu’on me bassine avec toutes ces valeurs « has been » de morale, de transparence, de vérité, d’intégrité, d’éthique. On se gargarise à longueur de journée avec ces valeurs mais on n’hésite guère à les piétiner quand il s’agit de faire passer ses intérêts personnels. André Suarès disait « La morale facile est la mort de la morale ». Et on y est… Au fond, nous ne sommes pas plus avancés qu’à l’époque où la morale religieuse faisait la pluie et le beau temps. On demande encore au droit de nous dire ce qu'il faut faire. On voudrait que le droit remplace la morale et on s’acharne à légiférer sur tout et n’importe quoi. Mais de l’autre côté, schizophrènes comme nous sommes, on s’indigne quand un Cahuzac (ex-ministre délégué au budget) ou un Bernheim (grand rabbin de France) nous mentent effrontément. Il est d’ailleurs fascinant de voir que le mensonge de Cahuzac a suscité plus de condamnation que la fraude elle-même. Quant à la tentation de plagiat et d’imposture  (avec diplômes fictifs à l’appui) à laquelle monsieur Bernheim n’a pu résister, je n’y vois qu’une nouvelle tendance qui se généralisera le jour où les dernières sentinelles s’éteindront. Nous sommes tous des imposteurs en puissance. C’est en tout cas la thèse développé par le psychanalyste Roland Gori dans son dernier livre « La fabrique des imposteurs » qui tend à montrer que notre époque, dominée par la performance, l’évaluation continue,  et la compétition à gogo, nous pousse peu ou prou à prétendre ce que nous ne sommes pas, à raconter ce qu’on pense être attendu. Quand on doit être le meilleur au boulot, avec son conjoint et ses enfants, à la cuisine et aux lits (car il peut y en avoir plusieurs), quand le succès (social et forcément financier) devient la norme à atteindre, quand on doit se conformer à des modèles de plus en plus exigeants, des attentes sociales de plus en plus fortes, quand on doit s’aligner sur des idées, des pratiques, des normes et des idéaux dominants pour être reconnu et aimé, on se trouve « contraint de mettre des talons ou des échasses pour faire semblant d’être à la hauteur ». Et on finit tricheur, puis imposteur… L’épanouissement de nos enfants passe par bien d’autres choses que le travail et le succès. Pour eux, je reste un défenseur acharné de la glande, de la rébellion, de la rêvasserie et même de l’ennui.  Car, quelque part, j’adore l’ennui au point de vouloir le transmettre comme un legs à mes filles. « Je recèle en moi des réserves d’ennui pratiquement inépuisables. Je suis capable de m’ennuyer pendant des heures sans me faire chier ».

Cette maladie de l’imposture n’est pas le propre de l’individu. Elle atteint les entreprises aussi, surtout quand il s’agit de thèmes porteurs (entendez rémunérateurs) comme le développement durable et les engagements écologiques. Les Prix Pinocchio 2013, qui ont pour but de repérer et de dénoncer les entreprises qui surfent allégrement sur la vague écolo (http://prix-pinocchio.org/nomines.php pour voir les neuf entreprises nominées) ont ainsi été discernés à :

  • Veolia dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi » pour sa magnifique implication dans les projets de privatisation de l’eau en Inde,  en particulier à Nagpur, et sa maitrise des contrats de partenariat public-privé les plus opaques au monde. Veolia, j’adore… Un jour, je l’espère, on parlera de son contrat de ramassage des ordures à la mairie de Midoun (Djerba – Tunisie), des pots de vins associés, ainsi que de la qualité de son exécution (j’ai gardé quelques photos / documents sous le coude). Et si jamais je viens à clampser, ne croyez surtout pas à la thèse du suicide : «  Veolia m’a tuer »
  • Areva dans la catégorie «Plus vert que vert » grâce à son implication dans la vie culturelle du Limousin. Ce prix est décerné à l'entreprise ayant mené " la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles ". Outre son implication directe dans l’extraction d’Uranium un peu partout dans le monde et ses visées sur le Pôle Nord, Areva a lancé « Urêka » (avec le slogan « Entrez dans l'aventure de l'uranium »), un musée à la gloire des mines d’Uranium dans le Limousin, passant sous silence les graves impacts environnementaux et sanitaires.
  • Et Auchan dans la catégorie « Mains sales, poches pleines » (volant ainsi la vedette à Apple, autre nominé pour cette catégorie) pour son refus de toute responsabilité dans l'effondrement des usines textiles du Rana Plaza au Bangladesh, alors que des étiquettes de ses vêtements ont été retrouvées dans les décombres. Ce prix récompense les entreprises ayant eu "la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d'approvisionnement".

J’en ai marre qu’on me bassine avec l’aide au développement. Quelques malheureux 130 milliards de dollars octroyés, chaque année, par les pays riches aux pays pauvres, qui nous donnent l’impression que les pays du Nord se saignent aux quatre veines pour ceux du Sud. Une aide qui devrait, en toute logique, aller dans le sens d’une répartition plus équilibrée des richesses au niveau du globe. Avec la mondialisation et l’ouverture des marchés de capitaux, on aurait aussi cru que les disparités Nord-Sud allaient s’estomper progressivement. La réalité est autre. Le fossé (au niveau global, comme local d’ailleurs) n’a fait que se creuser un peu plus. Un chiffre me fout la trouille : Les 80% les moins riches de la population mondiale ne détiennent que 6% de la richesse globale, quand le pourcent le plus riche en détient presque la moitié. Mis de façon un peu plus horrible encore, les 300 individus les plus riches détiennent à eux seuls la même richesse que les 3 000 000 000 les plus démunis. Au niveau des blocs Nord –Sud, l’image n’est guère plus reluisante. Deux cent ans en arrière, le bloc Nord était 3 fois plus riche que le bloc Sud. A la fin de la période coloniale (autour des années 60), le bloc Nord devenait 35 fois plus riche que le bloc Sud (il faudrait qu’on parle un peu plus des bienfaits de la colonisation !). Aujourd’hui, le rapport est plutôt de 80 fois… La raison de ce déséquilibre grandissant est simple : les pays en développement restent des  exportateurs nets de capitaux. Les chiffres sont éloquents : Face aux 130 Mld$ d’aide annuelle, les pays en développement déboursent quelques 600 Mld$ pour le service d’une dette qu’ils ont payée plusieurs fois et les multinationales extraient 900 Mld$ sous diverses formes (avantages fiscaux, manipulation de prix de transfert…), sans compter les pertes liées aux biais imposés par les pays riches dans les règles du commerce mondial. L’argent est comme le saumon, nage à contre-courant et remonte les rivières…

Dans un autre registre, ça me soule qu’on me regarde de travers parce que je suis musulman (doublé d’un arabe, mais ça c’est un  autre débat), qu’on brandisse la laïcité comme un étendard pour l’anti-religion, qu’on fasse l’amalgame entre l’esprit de la religion et ce que certains en font, qu’on ressasse les mêmes arguments fallacieux  pour souhaiter la mort du religieux… La méconnaissance de l’histoire des religions (je dis bien l’histoire et non le dogme) est, à mon sens, source de beaucoup de conneries, de préjugés.  Dans un monde où tous les projecteurs peuvent être braqués, instantanément et durant quelques heures à quelques jours, sur une singularité aberrante, il devient difficile d’avoir le recul nécessaire à l’analyse sereine. On se précipite alors, la tête la première, dans de grandes conclusions mélangeant  ignorance, étroitesse d’esprit et fondamentalisme (et pas que religieux !). On perd toute capacité à relativiser. Notre pensée devient absolue. La singularité apparaît alors comme la règle à combattre et sur laquelle on doit légiférer dans la semaine.

Ca fait des années maintenant que le fondamentalisme musulman fait la une des journaux télévisés. Dans la foulée, l’Islam (avec ses adeptes à la con) est devenu l’ennemi à abattre. Les langues se sont déliées.  Ses lieux de culte sont régulièrement tagués (et les responsables jamais appréhendés). On se lâche allégrement, brandissant 2 versets sortis de leur contexte et 3 mots savants prononcés avec un accent de merde (oui, mais il le faut pour impressionner les foules). D’ici peu, la chasse aux musulmans, vermines des vermines,  sera déclarée « acte de salubrité publique ».

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Depuis le 11 septembre 2001, tout le monde est devenu fin connaisseur de l’Islam, de son pédigrée violent et conquérant, de sa déviance misogyne,  de son prophète pédophile et de ses adeptes lobotomisés du cerveau (excusez les fautes d’orthographe car j’écris avec un lobe pariétal partiellement touché). « Coiffant les aspirations les plus viles, flattant les pulsions les plus archaïques, encourageant la paresse intellectuelle, l'intolérance, l'hypocrisie, la violence, prêchant un virilisme pathologique, justifiant les pires ignominies antiféministes, l'islam n'est ni une sagesse, ni une civilisation, c'est un fléau » : Merci G. Zwang de m’ouvrir les yeux sur ma vie de merde. Ceci dit, confidence pour confidence, je n’aime pas ta gueule et je pense que tu n’aurais jamais dû parler d’autres choses que de pipi et de quéquettes. Estime-toi heureux que je n’aie pas la verve d’un Desproges : « Il y a longtemps, mesdames et messieurs les jurés, que je guettais une bonne occasion pour cesser de parler de sexe dans mes réquisitoires. Eh bien cette occasion est venue : la seule présence en ces lieux d’un trouducologue patenté, pas tentant non plus, a relégué en moi toute velléité d’exhiber ici mes moindres pulsions zigounettophiles ou piloupileuses.  Le sexologue, mesdames et messieurs les jurés, est à l’amour ce que le péage est aux autoroutes. Supprimons le péage, ça ne nous empêche pas de rouler. Supprimons le sexologue, ça ne nous empêchera pas de baiser » (Desproges - Réquisitoire contre Gérard Zwang... le même !)

Il faut dire qu’avec le coup des tours jumelles, le fondamentalisme musulman n’a pas raté son entrée en scène, et a volé la vedette aux autres fondamentalismes. Personne ne pense plus à l’attentat du cinéma Saint-Michel (attribué à un groupe intégriste catholique), à l’attentat d’Oslo et la tuerie de l’île Utoeya (dont l’auteur est déclaré proche de l'extrême droite et un tenant du fondamentalisme chrétien), au massacre du caveau des Patriarches (perpétré par Baruch Goldstein, un fondamentaliste juif orthodoxe), aux attentats commis par des fondamentalistes chrétiens contre des médecins (le dernier étant le Dr George Tiller qui a été tué en 2009) et cliniques qui pratiquent des avortements.

Y a-t-il une religion qui sort du lot ? La réponse est souvent unanime : « C’est le bouddhisme, Ignorant ! Le bouddhisme est une religion de paix qui, en tant que telle, n’a jamais eu ses guerres saintes ».

Encore une idée reçue qui ne résistera nullement  à un examen approfondi des textes bouddhiques (comme la Tantra de Kalachakra, texte auquel se réfère souvent le dalaï-lama, et dans lequel les infidèles à combattre sont des musulmans - oui oui, c’est encore eux ! - qui menacent l'existence du royaume mythique de Shambhala) et de l’histoire du Bouddhisme. «Zen at War » (Le zen en guerre) est un essai de Brian Victoria, un moine occidental zen sôtô qui enseigne à l'Université d'Auckland. Ce livre revient sur l’histoire de la collusion des institutions du zen japonais (une école du bouddhisme introduite au Japon au 12ème siècle) et de la machine de guerre impériale (fin du 19ème siècle, début du 20ème) et montre comment d'éminents maîtres zen ont pu s’engager en faveur de la guerre au nom du bouddhisme, pervertissant ainsi les enseignements de ce dernier.  Des paroles telles que « Je souhaitais inspirer à nos vaillants soldats les nobles pensées du Bouddha, afin qu'ils soient capables de mourir sur le champ de bataille avec la certitude que la tâche dans laquelle ils étaient engagés était grande et noble. Je voulais les convaincre [...] que cette guerre n'était pas un simple massacre de leurs frères humains, mais qu'ils combattaient contre un mal. » n’ont pas été prononcées par un quelconque lieutenant de guerre mais par Shaku Sôen (1859-1919), un des maîtres zen les plus emblématiques, et ce lors de la guerre du Japon contre la Russie (1904). Il ajoute « Dans ces hostilités dans lesquelles le Japon n'est entré qu'avec une grande réticence, il ne poursuit aucun but égoïste, mais cherche à soumettre des maux opposés à la civilisation, à la paix et à l'éveil. » La guerre devenait ainsi une étape naturelle et incontournable vers la réalisation finale de l'éveil. Et Maitre Sôen n’était pas une exception, ni dans le temps, ni dans l’espace. Durant la Seconde Guerre mondiale, les bouddhistes japonais ont soutenu l'effort de guerre, mettant leur rhétorique au service de la mystique impériale et de la diabolisation de l’ennemi. Plus récemment, c'est au Sri Lanka qu’on a assisté à une apologie bouddhique de la guerre sainte contre la minorité tamoule.

Soyons clairs. Je ne suis guère en train de justifier les conneries des uns par celles des autres. Par cette longue liste, je voudrais montrer que toute vision manichéenne du monde (avec un gros méchant d’un côté et plein de gentils de l’autre) est forcément trop limitée pour en cerner la complexité. Notre propension à adopter une vision manichéenne de la réalité favorise le développement d’une attitude ethnocentrique, et parfois violente, envers tous ceux qui ne partagent pas notre point de vue…

Mon point de vue est simple : Il faut cultiver le doute. Rien ne m’est plus insupportable que ceux qui moulinent des certitudes… Et ils sont partout. « Que la vie serait belle si tout le monde doutait de tout, si personne n’était sûr de rien. On pourrait supprimer du dictionnaire les trois quarts des mots en « iste », fasciste et communiste, monarchiste et gauchiste, khomeyniste et papiste. » : Desproges aurait pu ajouter « fondamentaliste » dans sa liste.

Il est grand temps de s’intéresser à l’histoire des religions, toutes les religions, pour recentrer le débat, contrer les extrêmes et apaiser les esprits. Comme tout paradigme, la religion n’est rien d’autre que ce qu’on en fait… Comme toute idéologie (l’athéisme en est une), elle peut être exploitée à des fins qui lui sont étrangères.  Ses enseignements, son langage et les symboles sous-jacents peuvent être pervertis et défigurés afin de promouvoir le nationalisme et la violence. Bref, comme toute idéologie, la religion a sa part de lumière et sa part de ténèbres.

Ceci étant dit, se plonger dans l’histoire des religions me semble un chouïa anachronique  quand un enfant sur trois ne connaît ni poireau, ni courgette, ni artichaut et quand 87 % de nos minus ne savent pas ce qu'est une betterave (enquête de l'Association santé environnement France, 23/05/2013). A ce stade je préfère qu’ils commencent par faire connaissance avec monsieur poireau plutôt que  de s’attaquer à la manne de Moïse et sa traversée du désert.


Après dix pages noircies à la va-vite, je me rends comptes que je n’ai pas parlé de mes sujets de prédilection : la décroissance incontournable, la révolution qui couve, le suicide de la finance, la dette qui enfle et la monnaie qu’on crée pour vivre au-dessus de nos moyens…

J’écoute les gens parler (j’adore ça. Il fut une époque où je passais des heures dans les bus parisiens à bouquiner et à écouter les gens raconter leur vie…) et me dis qu’on se berce d’illusions : l’illusion que le progrès technique et la croissance économique arriveront à bout de tous nos maux, de tous nos problèmes (pauvreté, inégalités, déséquilibres, finitude des ressources, dégâts infligés à la nature…). Nous continuons à occulter nos problèmes en espérant le remède miracle qui surgira de nulle part. C’est l’abondance d’énergie fossile qui a permis l’énorme évolution qu’on a connue sur les deux derniers siècles. Moins d’énergie veut dire moins de confort et plus de travail ingrat. Il faut juste s’y faire et s’y préparer gentiment, sans pour autant abandonner notre recherche de la cassure technologique qui fera de nous les rois de l’univers. Mon point de vue est qu’il faut vraiment avoir le cul bordé de nouilles pour que le scénario optimiste se réalise dans un avenir proche. « La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux. En leur absence, l’effondrement ne pourrait être évité qu’à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d’une économie de guerre. La sortie du capitalisme aura donc lieu d’une façon ou d’une autre, civilisée ou barbare », disait André Gorz.

Quant à la révolution, beaucoup voient dans l’enlisement des printemps arabes la fin de l’histoire. J’en doute fortement. L’environnement dans lequel on évolue (croissance structurellement faible, chômage endémique, disparités hallucinantes) reste des plus porteurs pour les embrasements sociétaux qui couvent. Dans “Toward a theory of revolution” (American Sociological Review, 1962), James C. Davies théorise les moments opportuns pour toute révolution : “Revolutions are most likely to occur when a prolonged period of objective economic and social development is followed by a short period of sharp reversal. The all-important effect on the minds of people in a particular society is to produce, during the former period, as expectation of continued ability to satisfy needs – which continue to rise – and, during the latter, a mental state of anxiety and frustration when manifest reality breaks away from anticipated reality. The actual state of socio-economic development is less significant than the expectation that past progress, now blocked, can and must continue in the future”. Les révolutions seraient donc dues à l’anxiété et la frustration qui découlent d’une divergence entre les attentes et la réalité… Nous y sommes. Sans cassure technologique majeure (découverte d’une technologie à usage généralisé), la croissance de la productivité ne pourra que décélérer et les revenus disponibles réels par tête de pipe stagneront  (sauf pour quelques privilégiés).  Le mécontentement  grondera.  La résurgence de l’inflation (due à nos politiques monétaires expansionnistes) finira par assombrir le tableau.

Le calme relatif qu’on constate un peu partout (en Europe comme au Maghreb. Au Moyen-Orient, le soulèvement a déjà dégénéré en guerres civiles dont tout le monde s’en fout, mais qu’on finira par payer) depuis quelques mois n’est qu’un moment de trêve dans un processus en marche. Ca nous laisse un peu de temps pour penser les modalités de l’insurrection.  Se projeter au-delà me parait impossible. Et puis chaque chose en son temps. Là, j’ai tendance à suivre Eric Hazan qui disait dans une interview datant de septembre 2009 (soit avant tous les printemps) : « Camille Desmoulins disait "Le 14 juillet 1789, nous n’étions pas dix républicains.’’ L’idée de République n’était même pas dans les têtes. Chaque chose en son temps. Il faut penser les modalités de l’insurrection et surtout ne pas tomber dans le travers répétitif de la phase intermédiaire : gouvernement provisoire, élection d’une constituante. ». C’est marrant comme il a vu juste pour ces travers répétitifs de la phase intermédiaire.

J’arrive enfin à la finance. Votre délivrance est maintenant proche…

La finance, un temps calmée par la crise de 2007, est repartie de plus belle dans ses dérives d’antan. Elle met tout en œuvre pour s’immuniser contre les efforts visant à la soumettre à de nouvelles réglementations dont le but ultime, après tout, est d’empêcher la reproduction d'événements susceptibles d'entraîner son effondrement total. Les calculs court-termistes de la Finance (en tant qu’entité biologique) sont la signature de son suicide programmé. Sur ce point, je reprends l’analyse de Paul Jorion qui compare ce qui se passe dans la finance au processus qui a régi l’effondrement des  civilisations anciennes. Parmi les catalyseurs d’un tel effondrement, le biologiste Jared Diamond (« Effondrement » - Gallimard 2005) cite l'incapacité de leurs élites à percevoir le processus d'effondrement en cours et / ou leur incapacité à le contrer, quand elles ont réussi à en prendre conscience, en raison « d'une attitude de défense court-termiste de leurs privilèges ». Il faut dire que la finance est confortée dans ses manœuvres d’obstruction par  son accès facile à l'argent, injecté à gogo par les banques centrales (elles-mêmes enlisées, sans aucune stratégie de sortie, dans un processus expérimental dont elles ne connaissent RIEN, absolument rien), qui financent par la pure création monétaire les budgets des gouvernements (et on me parle de séparation entre politique monétaire et politique fiscale… mon cul, oui !). On peut tout me raconter mais je ne goberai jamais cette histoire de l’argent gratuit. L’argent gratuit n’existe pas et quelqu’un, quelque part, finira par mettre la main à la poche. On sera a priori plusieurs à le faire (états comme individus), avec le bruit des bottes dans les rues. Bienvenues dans le monde de l’hyperinflation…

Balise – Prudes n’aimant pas la vulgarité, ni les prises de tête

Bon, ce n’est pas vraiment rose tout ça. Et ce n’est clairement pas par des coups de rafistolage qu’on s’en sortira. Les bases du Système sont pourries et nécessitent une refonte totale. Parmi vous, ils y en a même ceux qui pensent que ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre… Mais même la guerre, ça se mérite :

« Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne guerre ! Nombreux sont autour de nous les gens qui lâchent cette petite phrase en soupirant. Mais l’instant d’après, ils retournent vaquer à leur petite vie mesquine et n’y pensent plus. Or, si nous voulons vraiment la guerre il ne suffit pas de l’appeler de nos vœux en levant les yeux au ciel d’un air impuissant. Ne rêvons pas : la Troisième guerre mondiale n’aura pas lieu ces jours-ci. Alors, pourquoi n’organiserions-nous pas une guerre FRANCAISE, dans laquelle les forces en présence seraient toutes françaises? Et puisque la haine est le moteur de la guerre, apprenons à nous haïr entre nous. Ah ! certes, il est plus facile de haïr les Arabes ou les Anglais dont les mœurs incroyablement primitives ont de quoi révulser.Mais chaque région de notre pays a ses rites et coutumes qui ne sont pas les mêmes que ceux de la région d’à côté. Ainsi, pour bien, nous haïr entre Français, nous devons tenter d’oublier ce qui nous unit, et mettre l’accent sur ce qui nous sépare. » (Desproges)

Grosses bises  toutes et à tous. Que notre décroissance soit conviviale (car pour l’instant je me sens un peu seul).
Zouheir

PS I : Vous remarquerez qu’avec la carte de vœux ci-jointe (avec son ARABE à gogo et le charabia d’un rappeur NOIR), vous êtes fin prêts à affronter les préconisations du rapport pour l’intégration…

Balise – Prudes n’aimant rien, même pas les arabes et les noirs

PS II : Pour suivre nos conneries sur Twitter : https://twitter.com/#!/Tingitingi

Oxala House est pour l’instant (car un nouveau site sera prêt d’ici quelques jours) visible ici : www.tingitingi.com

Dar Gaïa est visible ici : http://dargaia.tingitingi.com/

Des photos de l’ensemble sont disponibles ici : https://plus.google.com/photos/102256080938955294973/albums?banner=pwa

 

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Commentaires
C
Il y a beaucoup de raisons qui peuvent prouver que l'arabe a un avantage sur les autres langues. En contraste avec les mots arabes, les mots de ces langues semblent boiteux, estropiés, et entièrement dépourvu d'un modèle naturel. Le vocabulaire de ces langues n'est pas aussi riche en racines qui est une caractéristique nécessaire d'une langue parfaite.
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